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vendredi, juin 27, 2025

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Projet de loi américain visant à classer le Polisario comme « organisation terroriste » : virage juridique ou simple manœuvre stratégique ?

Un représentant républicain de la Chambre des représentants des États-Unis, Joe Wilson, accompagné du démocrate Jimmy Panetta, a officiellement soumis aujourd’hui une proposition de loi au Congrès visant à classer le Front Polisario comme une organisation terroriste étrangère. Cette initiative fait suite à plusieurs mois de travail intensif mené par M. Wilson en préparation de ce texte.

Dans un message publié sur X, Wilson qualifie le Polisario de « milice marxiste soutenue par l’Iran, le Hezbollah et la Russie », affirmant qu’il constitue « un pied-à-terre stratégique pour Téhéran en Afrique et déstabilise le Maroc, allié américain depuis 248 ans ». Il ajoute être « fier de présenter un projet bipartisan » avec Jimmy Panetta, soulignant ainsi un rare consensus inter-partisan contre une entité potentiellement contraire aux intérêts des États-Unis.

Plus tôt, le 22 mai, Wilson avait indiqué que le président Trump « réglerait le dossier », caractérisant le Polisario de « menace réelle pour la sécurité régionale », renforcée selon lui par un soutien provenant des ennemis des intérêts américains. Le 11 avril 2025, il annonçait déjà sa volonté de défendre le « véritable plan d’autonomie sous souveraineté marocaine » et d’initier une loi classant le Polisario comme organisation terroriste, évoquant un soutien iranien et russe, et qualifiant leur action de « plateforme pour l’influence de l’axe du mal en Afrique ».

Le 9 mai, il a également annoncé avoir rencontré le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, soulignant le rôle du Maroc pour maintenir la paix dans la région et contrer l’influence du Polisario. Wilson insista sur l’engagement des États-Unis aux côtés du Maroc pour « la stabilité et la lutte contre le terrorisme ».

Le projet s’appuie notamment sur un rapport du think tank conservateur Heritage Foundation, signé par Robert Greenway, intitulé « Why the United States must confront Polisario, a proxy terrorist actor », qui appelle Washington à sortir de « son silence inexplicable » face à ce qu’il présente comme une menace grandissante. Le rapport évoque l’emploi de drones iraniens par le Polisario, des réseaux de contrebande reliés à des acteurs russes, et un financement potentiel d’organisations jihadistes au Sahel, tout cela « à portée de missile pour le détroit de Gibraltar ».

Il rappelle également qu’en 1988, des missiles du Polisario avaient abattu deux avions de l’Agence américaine pour le développement international, causant la mort de cinq Américains, sans réponse punitive à l’époque. Le rapport qualifie le projet actuel comme un test de la détermination américaine à affronter des proxies terroristes situés aux frontières sud de l’OTAN.

Selon ce document, le Polisario a déclaré en 2020 un état de guerre dans la zone du Sahara, visant les positions du mur de défense mauritanien et menaçant consulats étrangers et lignes aériennes– ce qui constituerait un tournant inquiétant vers une violence armée non contrôlée, avec la « complicité structurelle » de l’Algérie.

Le rapport structure son analyse autour de trois axes : le soutien militaire iranien, l’influence russe croissante, et les revenus générés par la contrebande via une filière saharienne. Il mentionne aussi la présence d’un dispositif militaire du Polisario de l’ordre de brigades, avec plus de 40 000 combattants, hébergés en Algérie (région de Tindouf).

D’après l’analyse proposée, l’aide iranienne au Polisario remonte aux années 1980, avec un quart de siècle d’assistance militaire y compris via le Hezbollah, et l’utilisation de drones iraniens sur le terrain.

Le texte du projet précise que, s’il est adopté, tout gel d’avoirs, interdiction de financement ou de propagande de la part du Polisario, ainsi que la possibilité de sanctionner ses soutiens, notamment l’Algérie, deviendraient effectifs sur le territoire américain.

Le texte doit désormais être transmis à la commission des Affaires étrangères de la Chambre, puis subir un vote en séance plénière, ce qui constituerait une première majeure du point de vue législatif, tout en renforçant l’influence diplomatique du Maroc sur la scène internationale face à des forces sécessionnistes soutenues par des acteurs étrangers.

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