Dans une nouvelle démarche diplomatique, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a annoncé l’entrée en vigueur de l’accord d’exemption de visa entre le Maroc et le Kazakhstan, à partir du 19 mars prochain. Cet accord, signé en septembre dernier lors de la 79e session de l’Assemblée générale de l’ONU, suscite des interrogations sur la pertinence de cette approche stratégique et ses répercussions sur les intérêts du Maroc dans un contexte où il est crucial de diversifier ses destinations d’immigration.
#Sahara_marocain : Position de la République du Kazakhstan, exprimée dans un Communiqué conjoint signé ,ce jour à Rabat, à l’issue de la rencontre de M. Nasser Bourita avec le Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires Etrangères de la République du Kazakhstan, M. Murat Nurtleu pic.twitter.com/jBSgv70GAi
— Maroc Diplomatie 🇲🇦 (@MarocDiplomatie) February 28, 2025
Que va apporter cet accord au Royaume du Maroc ?
En regardant les relations bilatérales entre le Maroc et le Kazakhstan, cette exemption de visa apparaît comme une étape diplomatique qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de coopération entre les deux pays dans divers domaines. Cet accord ouvrira-t-il de nouvelles portes pour le commerce, le tourisme, voire les échanges culturels ? Il est évident que le Kazakhstan, en tant que puissance économique émergente en Asie centrale, représente un marché prometteur pour les produits marocains dans des secteurs variés, notamment l’agroalimentaire et le textile. Cela pourrait aussi encourager un renforcement du tourisme mutuel, avec la possibilité pour les Kazakhs de visiter le Maroc sans les contraintes de visa.
Mais, n’aurait-il pas été plus judicieux de viser des accords similaires avec des pays européens ?
À une époque où le Maroc fait face à des taux de chômage élevés parmi les diplômés et les jeunes sans emploi, n’aurait-il pas été plus pertinent de concentrer les efforts du Maroc sur la signature d’accords similaires avec des pays européens, où il pourrait exporter ses compétences dans divers secteurs ? Ces pays européens, qui manquent parfois de main-d’œuvre qualifiée, pourraient offrir des opportunités concrètes pour les Marocains dans des domaines allant des artisans aux diplômés universitaires en quête d’opportunités à l’extérieur du pays. Alors que l’accord avec le Kazakhstan semble avoir des répercussions limitées sur l’emploi direct des jeunes diplômés, est-il plus pertinent de se tourner vers l’Europe pour relever les défis économiques actuels ?
Les dimensions stratégiques pour le Maroc : rechercher un équilibre entre l’Est et l’Ouest
Bien que cette décision puisse paraître surprenante au départ, il est possible que le Maroc cherche à diversifier ses relations internationales. L’accord avec le Kazakhstan représente-t-il une partie d’une politique d’élargissement des partenariats internationaux ? Le Maroc, en quête permanente d’influence géopolitique et économique, peut voir dans le Kazakhstan une porte d’entrée vers une région en pleine croissance économique. Bien que le Kazakhstan ne soit pas une grande nation européenne, ses relations économiques et politiques pourraient permettre au Maroc de renforcer son impact en Asie centrale, une région stratégique en plein essor.
Le Maroc doit-il ouvrir de nouvelles perspectives dans cette phase ?
L’orientation vers le Kazakhstan pourrait avoir un sens dans le cadre d’un renforcement des partenariats Sud-Sud, visant des pays en dehors des circuits traditionnels occidentaux. Mais cette politique répond-elle à des enjeux réels ou se contente-t-elle de bénéfices marginaux en matière de commerce ou de tourisme ? Une question centrale se pose : Le Maroc n’a-t-il pas besoin d’abord de renforcer ses partenariats avec les pays européens ? Les enjeux internes de chômage et de formation de la jeunesse sont particulièrement urgents, et des accords stratégiques avec des pays européens plus capables d’intégrer des professionnels qualifiés seraient sans doute plus fructueux.
Contexte général : est-ce une tentative de calmer la situation intérieure ?
Il est à noter que cette politique de rapprochement avec le Kazakhstan survient dans un contexte de tensions internes liées au chômage des jeunes diplômés. Cet accord est-il une simple tentative pour détourner l’attention des défis économiques internes ? Alors que les revendications pour améliorer l’employabilité des jeunes sont croissantes, certains pourraient considérer que le Maroc aurait intérêt à mettre en place des stratégies migratoires plus ciblées vers des pays développés, capables d’absorber une main-d’œuvre qualifiée.
Conclusion : Entre avantages et défis
Il ne fait aucun doute que l’accord d’exemption de visa avec le Kazakhstan ouvre la voie à un renforcement des relations bilatérales, notamment dans les domaines commerciaux et touristiques. Cependant, la question demeure : cette décision était-elle suffisamment pertinente compte tenu des besoins immédiats du Maroc ? La réponse à cette question dépendra de l’équilibre délicat que le Maroc cherchera à établir entre ses intérêts économiques et géopolitiques et les priorités sociales internes, en particulier en matière d’emploi et de soutien aux jeunes.