Au milieu des défis sécuritaires et économiques qui secouent l’Afrique de l’Ouest, les dirigeants de l’Alliance du Sahel ont annoncé de nouvelles mesures visant à faciliter la liberté de mouvement et de commerce pour les citoyens, dans une tentative de réduire les tensions croissantes dans la région.
Cette déclaration intervient alors que le Maroc cherche à renforcer ses relations avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à travers une adhésion officielle, un objectif porteur de grandes opportunités mais qui se heurte aux complexités de la fragmentation régionale croissante.
Lors d’une réunion à Niamey, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) ont annoncé plusieurs mesures :
- Suppression des visas pour les citoyens des pays membres de la CEDEAO souhaitant se rendre dans les pays de l’Alliance.
- Liberté de circulation, d’établissement et d’exercice professionnel sous réserve du respect des lois nationales en vigueur.
- Facilitation de l’entrée des véhicules privés et commerciaux enregistrés dans les pays de la CEDEAO sur leurs territoires, dans le respect des réglementations nationales en matière de transport et de mobilité.
Ces décisions marquent un tournant significatif, notamment après le retrait de ces trois pays de la CEDEAO en janvier dernier en réaction aux sanctions sévères imposées suite aux coups d’État militaires.
Le Maroc et la CEDEAO : Un espoir confronté à la réalité
Alors que l’Alliance du Sahel cherche à se consolider, le Maroc, de son côté, continue de cultiver son ambition d’adhérer à la CEDEAO. Depuis la soumission de sa demande en février 2017, le paysage régional a profondément évolué, marqué par l’instabilité croissante. Pourtant, le Maroc maintient ses efforts pour renforcer ses partenariats avec l’Afrique de l’Ouest à travers des projets économiques et de développement, comme l’initiative de l’Alliance Atlantique.
Selon Lahcen Bouchamma, analyste politique, « le Maroc suit de près les changements dans la région, cherchant non pas à concurrencer mais à compléter la CEDEAO en offrant des opportunités de développement basées sur une coopération Sud-Sud. »
Abdelouahed Oulad Mouloud, professeur de droit public, souligne également que « les initiatives marocaines ne visent pas à rivaliser mais à établir une synergie régionale, apportant des solutions concrètes aux défis économiques et sociaux de la région. »
Vers une redéfinition de l’intégration régionale ?
La dynamique actuelle en Afrique de l’Ouest reflète un besoin croissant de redéfinir les alliances et les priorités régionales. Le Maroc, fort de sa position stratégique et de son approche axée sur le développement, pourrait jouer un rôle clé dans cette reconfiguration.
Reste à savoir si la CEDEAO saura réinventer ses mécanismes pour maintenir sa cohésion ou si de nouvelles alliances viendront redessiner la carte politique et économique de l’Afrique de l’Ouest.