Les relations entre l’Algérie et l’Afrique du Sud connaissent un rapprochement notable, reflétant des préoccupations communes face à l’influence croissante du Maroc en Afrique. La visite du président sud-africain Cyril Ramaphosa en Algérie intervient à un moment crucial, alors que les deux pays cherchent à renforcer leur alliance pour relever les défis posés par les changements géopolitiques et économiques dans la région.
Cependant, cette alliance soulève des questions sur ses véritables objectifs et sa capacité à contrer les succès accélérés du Maroc.
Concurrence pour l’influence : le Maroc en tant que puissance régionale montante
Ces dernières années, le Maroc est devenu un acteur clé en Afrique, tirant parti d’investissements stratégiques et de solides relations diplomatiques :
- Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, qui renforce l’interconnexion économique en Afrique de l’Ouest.
- Les investissements bancaires et commerciaux en Afrique de l’Ouest et centrale, faisant du Maroc un partenaire économique majeur.
- Succès diplomatiques avec une reconnaissance croissante de la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud et le soutien international au plan d’autonomie comme solution réaliste au conflit du Sahara.
Ces avancées ont suscité des inquiétudes en Algérie et en Afrique du Sud, toutes deux confrontées à des défis économiques et à un recul de leur influence régionale.
Mélange des questions : Une quête de légitimité internationale
Lors de la visite de Ramaphosa, l’Algérie et l’Afrique du Sud ont tenté de lier le conflit artificiel du Sahara à la cause palestinienne pour légitimer leur soutien au Front Polisario. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a mis l’accent sur « le soutien à l’autodétermination des peuples » tout en ignorant d’autres violations des droits en Afrique, comme les droits des minorités dans des États voisins.
Cette approche vise à susciter la sympathie populaire en liant le conflit à des luttes de libération plus larges, mais elle soulève des questions sur sa crédibilité. Ces stratégies peuvent-elles renforcer la position internationale de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, ou révèlent-elles leur position affaiblie face aux succès du Maroc ?
L’économie au cœur de la rivalité
L’Afrique du Sud, en tant que première économie du continent, fait face à des défis internes, notamment une croissance économique lente et un chômage croissant. De même, l’Algérie reste fortement dépendante des revenus pétroliers et gaziers, sans réelle diversification économique.
Leur alliance vise à affaiblir l’influence marocaine en Afrique, où le Royaume s’appuie sur des partenariats économiques croissants à travers des projets d’infrastructures, de financement et d’énergies renouvelables. Comment l’Algérie et l’Afrique du Sud peuvent-elles renforcer leur coopération malgré leurs crises économiques ?
Positions internationales divergentes : Le rôle des puissances mondiales
Alors que l’Algérie et l’Afrique du Sud cherchent à unifier leurs positions contre le Maroc, elles font face à un soutien international croissant à la souveraineté marocaine sur son Sahara :
- La France et les États-Unis ont clairement soutenu l’initiative d’autonomie.
- Au sein de l’Union africaine, les positions pro-marocaines se sont multipliées, laissant l’Algérie et l’Afrique du Sud isolées.
Comment l’Algérie et l’Afrique du Sud peuvent-elles faire face à ce déclin du soutien international ?
L’avenir de l’alliance : Peut-elle durer ?
Malgré leurs efforts pour renforcer leurs liens, des questions demeurent sur la durabilité de cette collaboration :
- La concurrence régionale entre les deux pays pourrait entraver leur capacité à atteindre des intérêts communs à long terme.
- Le Maroc continue de réaliser des avancées diplomatiques et économiques, limitant l’impact de l’alliance sur la scène internationale.
Conclusion : Une alliance de défi ou une manœuvre désespérée ?
L’alliance entre l’Algérie et l’Afrique du Sud reflète des inquiétudes croissantes face à l’émergence du Maroc comme puissance économique et politique en Afrique. Cependant, face aux succès soutenus du Maroc, cette alliance reste prisonnière de crises internes et de contradictions régionales qui pourraient compromettre son efficacité.
Le Maroc peut-il tirer parti de cette situation pour consolider sa position sur le continent ? Et comment l’Algérie et l’Afrique du Sud peuvent-elles reformuler leurs stratégies pour faire face à cette réalité ?