Les médias espagnols ont récemment relayé des déclarations controversées de l’analyste du renseignement espagnol renommé Fernando Cocho, qui a affirmé qu’un accord imminent entre Madrid et Rabat sur la souveraineté conjointe des villes occupées de Ceuta et Melilla serait conclu d’ici 2030. Selon Cocho, cet accord bénéficierait du soutien de l’Union européenne et de la France. Bien que ces prédictions aient suscité de nombreuses questions, des sources diplomatiques marocaines ont nié catégoriquement ces spéculations, les qualifiant de « lectures éloignées de la réalité ».
Cadre d’analyse et prévisions :
Cocho estime que le Maroc cherche à isoler progressivement les deux villes occupées, économiquement et militairement, en se basant sur la fermeture des frontières douanières et la présence militaire marocaine croissante près des îles Canaries comme preuve de ces « manœuvres ». Cocho va plus loin, soulignant que la faiblesse de la réponse espagnole reflète un « manque de vigilance » dans la défense de la souveraineté nationale espagnole, selon ses termes.
Réponse marocaine : affirmation de la coopération et renforcement des relations
En revanche, des sources gouvernementales marocaines ont affirmé que les relations entre le Maroc et l’Espagne sont fondées sur le respect mutuel et la confiance réciproque. Elles ont démenti catégoriquement l’existence de telles discussions sur une souveraineté conjointe des deux villes, soulignant que l’accent actuel est mis sur l’exécution de la feuille de route convenue entre les deux pays. Les sources ont également précisé que les problèmes douaniers entre les deux pays sont de nature purement technique et non politique, et que des efforts sont en cours pour résoudre ces problèmes dans un avenir proche.
Analyse approfondie : entre réalisme politique et diffusion de la peur
L’analyse de Cocho reflète une perspective sécuritaire qui tend à exagérer les risques, tout en semblant négliger les dynamiques diplomatiques et économiques complexes qui régissent les relations maroco-espagnoles. D’une part, le Maroc cherche à renforcer son influence régionale, non seulement par des mouvements militaires ou économiques, mais aussi par le renforcement de ses partenariats stratégiques avec l’Europe et les États-Unis. D’autre part, l’Espagne reconnaît l’importance de maintenir des relations solides et stables avec le Maroc, surtout face aux défis communs en matière de sécurité, de migration et d’économie.
Rôle de l’Union européenne et de la France : partenaire ou médiateur ?
L’analyse de Cocho met en lumière le rôle de l’Union européenne et de la France en tant qu’acteurs soutenant ce qu’il décrit comme « l’expansion marocaine ». Il convient ici de se demander dans quelle mesure cette affirmation est réaliste, surtout que l’Europe considère le Maroc comme un allié stratégique dans la région. Bien que la France renforce ses relations avec le Maroc, y compris à travers des projets d’infrastructure de grande envergure, le soutien français ne peut être interprété comme un appui à un partage de la souveraineté sur des territoires occupés, mais plutôt comme un effort pour renforcer la stabilité régionale et protéger ses intérêts stratégiques.
Conclusion :
Bien que les analyses de renseignement fournissent une perspective future précieuse, elles peuvent parfois surestimer les événements si elles reposent uniquement sur un angle sécuritaire. Il est essentiel de se concentrer sur le renforcement de la coopération entre le Maroc et l’Espagne en fonction des intérêts communs et de relever les défis régionaux de manière collective. La discussion sur une souveraineté conjointe de Ceuta et Melilla reste éloignée de la réalité actuelle, la priorité étant de renforcer les relations bilatérales conformément à la feuille de route convenue, garantissant la stabilité et le développement durable des deux pays.