Lorsqu’un haut responsable américain s’exprime sur la question du Sahara, chaque mot est pesé avec la plus grande prudence diplomatique. Mais que se passe-t-il lorsque ces déclarations sont contradictoires ? C’est la question qui se pose après les propos de Massad Boulos, conseiller de l’ancien président américain Donald Trump pour les affaires africaines, qui ont suscité une vague d’interprétations entre, d’un côté, l’Algérie et le Front Polisario, et de l’autre, le Maroc et ses alliés.
S’agit-il d’une simple confusion d’un conseiller mal informé sur les subtilités du dossier ? Ou bien y a-t-il un jeu diplomatique en coulisses derrière ces déclarations ? Et pourquoi est-il revenu confirmer la position officielle de Washington quelques heures après ses propos controversés ?
À un moment critique, alors que la question du Sahara marocain connaît un regain de dynamisme diplomatique, Massad Boulos a fait des déclarations sur la chaîne « Al-Arabiya » jugées controversées. Ces propos ont été largement interprétés, célébrés même par la presse algérienne et les partisans du Front Polisario, comme un prétendu recul de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Des Algériens voient la déclaration comme un recul américain.
Ils estiment qu’aucune solution n’est possible sans l’Algérie.
Mais le Maroc dit cela depuis des années : l’Algérie est la partie clé.
Le conflit est avec elle, le dialogue doit l’inclure. pic.twitter.com/TfO1UzBfJI
— المغرب الآن Maghreb Alan (@maghrebalaan) April 19, 2025
Massad Boulos, d’origine libanaise et détenteur de la nationalité américaine, a déclaré que l’annonce faite par Donald Trump en 2020 reconnaissant la marocanité du Sahara n’était pas une déclaration « fermée », mais conditionnée à « l’acceptation de toutes les parties ». Il a ajouté que l’Algérie accepterait une solution approuvée par le Polisario. Cette déclaration a été largement interprétée comme une tentative de réduire la portée de la reconnaissance américaine, pourtant considérée comme un atout stratégique pour le Maroc dans ce dossier.
Mais quelques heures après, Boulos a partagé une déclaration officielle du Secrétaire d’État américain Marco Rubio, affirmant clairement le renouvellement par les États-Unis de leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud, et leur soutien continu à la proposition d’autonomie comme seule solution sérieuse, crédible et durable au conflit régional.
Strong statement from @SecRubio unequivocally reaffirming U.S. recognition of Moroccan sovereignty over Western Sahara. https://t.co/6JwvdZIj3n
— U.S. Senior Advisor for Africa (@US_SrAdvisorAF) April 18, 2025
Ce revirement montre un certain flottement dans le discours de Boulos, qui a supprimé sa première déclaration avant de republier la déclaration officielle avec un commentaire positif, comme pour rectifier le tir ou atténuer l’effet de ses premiers propos.
Mais qui est vraiment habilité à parler au nom de la politique étrangère américaine ?
Boulos, bien qu’ayant été conseiller de Trump, n’occupe plus de poste officiel, ce qui affaiblit le poids de ses propos face aux déclarations répétées et constantes de l’administration américaine – sous Trump comme sous Biden – en faveur de la souveraineté marocaine.
Pourquoi ses propos ont-ils alors causé autant de remous ?
Probablement en raison du poids que représente la voix des États-Unis sur la scène internationale. Chaque mot émis par une personnalité proche des cercles du pouvoir américain devient objet d’analyse, surtout sur une question aussi sensible que celle du Sahara.
Cette confusion révèle aussi une faiblesse dans la communication stratégique de certains acteurs impliqués dans le dossier du Sahara, où l’on tend parfois à accorder une importance exagérée aux propos d’individus, sans tenir compte de la position institutionnelle qu’ils représentent, ni du contexte de leurs déclarations.
Faut-il y voir une naïveté dans le traitement médiatique des déclarations non officielles ? Ou une tentative méthodique d’exploiter chaque faille au profit des adversaires de l’intégrité territoriale marocaine ?
La rapidité avec laquelle Boulos a rectifié ses propos, en les alignant sur ceux du Département d’État américain, suggère qu’il s’agit probablement d’un simple malentendu ou d’un manque de maîtrise d’un dossier aussi complexe, plutôt que d’un changement de position politique.
Le contexte international dément les mauvaises interprétations
Les propos de Boulos, bien qu’ils aient semé le trouble un instant, s’inscrivent dans un contexte diplomatique global où la majorité des puissances influentes considèrent désormais la proposition d’autonomie marocaine comme la solution la plus sérieuse et réaliste. De l’Espagne à l’Allemagne, en passant par la France et les États-Unis, sans oublier les dizaines de pays ayant ouvert des consulats à Laâyoune et Dakhla, le soutien international au plan marocain est en nette progression.
Ne révèle-t-on pas, à travers cette affaire, l’urgence de renforcer le dispositif médiatique et diplomatique ?
Plus que jamais, il est crucial de répondre avec réactivité et rigueur aux déclarations non officielles, tout en consolidant le front médiatique et politique marocain à l’international, afin de ne laisser aucune marge à l’interprétation.