Lors d’une conférence de presse captivante, le secrétaire général du Parti de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), Idriss Lachkar, s’est transformé en tireur politique visant les figures du gouvernement avec des critiques acerbes.
Son attaque n’a épargné personne : Aziz Akhannouch, Abdellatif Wahbi, Nizar Baraka et Abdelrahmane El Mnsouri ont tous été pris pour cible, accusés d’“échec économique”, de “clientélisme” et de “appauvrissement des Marocains”.
Mais ce qui a été le plus frappant, ce sont les allusions de Lachkar, qui pourraient être interprétées comme un appel indirect à la protestation, au milieu d’un silence institutionnel inquiétant.
Cette attaque sans précédent ouvre la voie à plusieurs questions : S’agit-il simplement d’un règlement de comptes politique, ou Lachkar tente-t-il de capitaliser sur la colère populaire pour se repositionner ? L’opposition est-elle devenue incapable d’influencer les institutions et a-t-elle recours à l’escalade médiatique ?
Une attaque sans précédent ou une tentative de retrouver la lumière ?
Les déclarations de Lachkar ont provoqué une large polémique, semblant refléter la tension croissante sur la scène politique marocaine à l’approche des prochaines échéances électorales. Son discours était-il un avertissement contre l’effondrement de la coalition gouvernementale ? Ou une position préventive de son parti pour se préparer à la phase suivante ?
Accusations explosives… Qui vole le pain des Marocains ?
« 72 milliards de dirhams ont disparu »… Corruption ou mauvaise gestion ?
L’un des dossiers les plus dangereux soulevés par Lachkar était sa mention des “72 milliards de dirhams” qu’il dit avoir “disparu” en raison de la mauvaise gestion gouvernementale. Il a accusé le gouvernement de gaspiller les fonds de soutien, soulignant que ses politiques ont favorisé les “spéculateurs” et les “profiteurs”, tandis que le citoyen souffre de la hausse des prix et de la baisse du pouvoir d’achat.
Condamnation du silence officiel : Lachkar a vivement demandé : “Pourquoi les responsables ne sont-ils pas punis ? Pourquoi n’entend-on pas la voix du parquet dans les affaires de corruption ?” Ces déclarations relancent les interrogations sur le rôle des institutions de contrôle et leur efficacité face aux soupçons de corruption et aux dysfonctionnements économiques.
Mais ce qui est le plus inquiétant dans les propos de Lachkar, c’est sa suggestion que la protestation est devenue une option légitime en l’absence de responsabilité, en déclarant : “Le responsable se plaint comme un citoyen ordinaire.” Parle-t-il du fait que la seule solution pour les Marocains serait de descendre dans la rue ? Ou son propos était-il simplement une critique politique du gouvernement ?
Un appel indirect à la protestation ?
L’un des points les plus controversés de l’intervention de Lachkar a été lorsqu’il s’est comparé à un citoyen ordinaire, en reconnaissant que la situation sociale est devenue si oppressante que même les responsables se plaignent comme le peuple. Dès lors, la question se pose : Lachkar faisait-il indirectement référence à la légitimité des manifestations populaires contre le gouvernement ? Et cherchait-il, par ces déclarations, à devenir la voix de l’opposition qui surfe sur la vague de la colère sociale ?
Critiques acerbes des méthodes de contrôle des élections
Lachkar n’a pas omis de parler des pratiques des partis politiques, évoquant le “clientélisme politique” et les méthodes de “contrôle” des élections, critiquant l’utilisation des aides sociales et des dons comme instruments électoraux. Il a également rappelé que les dirigeants des partis de la majorité actuelle protestaient contre cette situation sous le gouvernement de Saadeddine El Othmani. Lachkar suggère-t-il que ces politiciens appliquent aujourd’hui les mêmes méthodes qu’ils critiquaient autrefois ?
Fraude systématique ?
Lachkar ne s’est pas contenté de critiquer la gestion économique du gouvernement, il a accusé directement ce qu’il a appelé “l’hégémonie des partis de la majorité”, indiquant qu’ils utilisent l’administration territoriale et les outils de l’État pour leurs campagnes électorales, rendant la compétition inégale.
Le Mondial comme “illusion” ?
Dans un autre contexte, Lachkar a attaqué le gouvernement pour son obsession du projet d’organisation de la Coupe du Monde 2030, estimant que les priorités devraient être l’éducation et la santé, et non un investissement dans un événement sportif dont “les mêmes lobbies économiques” profiteront.
Le doute sur la légitimité du gouvernement ?
Au milieu de ses critiques, Lachkar a fait allusion à la nomination des ministres et du chef du gouvernement, soulignant que ce processus relève de la monarchie selon la constitution. Mais il a également posé, d’un ton défiant, la question de savoir si les partis de l’opposition étaient autorisés à utiliser les médias publics pour exprimer leurs points de vue et répondre à la majorité. Sommes-nous face à des signes de montée en puissance politique qui pourrait mener à un remaniement gouvernemental, ou cela ne constitue-t-il que des surenchères politiques dans l’optique de redessiner la carte politique ?
Analyse des enjeux du discours : Escalade ou repositionnement ?
La question principale demeure : Lachkar intensifie-t-il son discours en préparation des prochaines élections, ou cherche-t-il réellement à diriger une opposition effective contre le gouvernement ? Ce qui est certain, c’est que cette conférence a remis Lachkar au centre du débat politique, mais cette escalade se traduira-t-elle par des actions concrètes, ou restera-t-elle simplement un discours médiatique éphémère ?
Les jours à venir répondront à ces questions, surtout avec la montée des tensions sociales qui pourraient devenir un nouvel atout de pression dans le paysage politique marocain.