La diplomatie marocaine est la pierre angulaire du renforcement de la position du Royaume sur la scène internationale. Depuis des décennies, elle repose sur une approche combinant réalisme politique et stratégies bien étudiées. Ces dernières années ont été marquées par des percées significatives, notamment la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara en décembre 2020. Mais cette reconnaissance a-t-elle été exploitée comme il se doit ? Pourquoi n’a-t-on pas observé une dynamique diplomatique à la hauteur de cette transformation stratégique ?
Fayçal Marjani, président de l’Association Maroc de la Coexistence, soulève des questions essentielles sur la performance de l’ambassade marocaine à Washington, mettant en lumière des lacunes qui nécessitent une révision fondamentale pour garantir une diplomatie plus efficace aux États-Unis.
La reconnaissance américaine du Sahara marocain : Une avancée qui n’a pas été concrétisée ?
La reconnaissance américaine a constitué un acquis diplomatique majeur pour le Maroc. Toutefois, Marjani souligne que cette évolution ne s’est pas traduite de manière concrète sur le terrain. On s’attendait notamment à :
- Des investissements américains massifs dans les provinces du Sud, comme cela avait été annoncé.
- Des visites de haut niveau de responsables américains à Laâyoune et Dakhla pour renforcer cette reconnaissance diplomatique.
- Une intégration plus active du Maroc dans la stratégie américaine dans la région, tant sur le plan sécuritaire qu’économique.
Cependant, ces avancées ne se sont pas matérialisées comme prévu, ce qui soulève des interrogations sur le rôle joué par l’ambassade marocaine à Washington dans l’avancement de ces dossiers.
La performance de l’ambassade du Maroc à Washington est-elle à la hauteur des enjeux ?
Selon Marjani, il existe un déséquilibre manifeste dans la performance de l’ambassade marocaine à Washington. Il rappelle que les ambassades influentes ne se contentent pas de promouvoir les positions officielles de leur pays, mais adoptent une approche proactive en :
- Établissant un dialogue stratégique avec le Congrès pour assurer un soutien politique continu.
- S’attirant le soutien des think tanks influents qui façonnent les décisions américaines.
- Dynamisant la diplomatie économique pour attirer les investisseurs américains.
Or, malgré ses ressources logistiques et politiques, l’ambassade marocaine n’a pas réalisé de progrès à la hauteur de la reconnaissance américaine, ce qui soulève des interrogations sur la stratégie diplomatique en place.
Diplomatie marocaine : Succès et échecs – Une comparaison nécessaire
Marjani met en avant une comparaison essentielle entre les performances des ambassades marocaines à travers le monde. Il souligne que le représentant permanent du Maroc à l’ONU et plusieurs ambassadeurs dans les capitales européennes et africaines ont montré une grande efficacité dans la défense des intérêts du Royaume, malgré des moyens limités.
Alors, pourquoi l’ambassade à Washington n’a-t-elle pas atteint le même niveau de dynamisme ?
- Est-ce dû à l’absence d’une vision claire ?
- À un manque d’initiative diplomatique ?
- Ou à d’autres obstacles entravant l’atteinte des résultats escomptés ?
Ces questions soulignent la nécessité d’une évaluation approfondie de la performance diplomatique marocaine aux États-Unis.
Quelles solutions ? Vers une diplomatie plus efficace à Washington
Marjani propose de repenser l’approche de l’ambassade marocaine à Washington à travers :
- Le renforcement des relations avec les décideurs américains pour garantir la pérennité de la reconnaissance du Sahara marocain.
- L’activation de la diplomatie économique pour inciter les investissements américains dans les provinces du Sud.
- L’exploitation des médias et des institutions de recherche pour mieux promouvoir la position marocaine.
- L’implication de la diaspora marocaine aux États-Unis comme levier d’influence en faveur des intérêts du Royaume.
Conclusion
Fayçal Marjani estime que la reconnaissance américaine représentait une opportunité stratégique majeure, mais qui n’a pas été pleinement exploitée en raison de déficiences diplomatiques à Washington. Il devient donc impératif de réévaluer la stratégie de l’ambassade afin de préserver les acquis obtenus et de renforcer la position du Maroc sur l’échiquier politique américain.