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lundi, juin 30, 2025

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L’Atlantique pour le Sahel : le Maroc redessine la géographie africaine et consolide son ancrage stratégique sur le continent

Dans un contexte de basculement géopolitique au Sahel, où les régimes militaires succèdent aux désengagements occidentaux, le Maroc met en avant une initiative sans précédent : connecter les pays enclavés du Sahel à l’océan Atlantique via un réseau routier et logistique d’envergure. Plus qu’un projet d’infrastructure, c’est une vision politique et diplomatique à long terme.

Un projet de corridor atlantique porté par une vision régionale

Le discours du roi Mohammed VI en 2023 n’était pas anodin. Il proposait un accès direct pour les pays du Sahel à l’océan Atlantique – une réponse concrète à leur enclavement chronique et à leur isolement politique croissant depuis les ruptures avec la CEDEAO et la France.

La démarche est double : renforcer l’intégration sud-sud par le biais du Maroc et donner un nouveau souffle à la région du Sahara marocain en en faisant un hub logistique et économique de dimension continentale.

Une alternative à la diplomatie de l’influence algérienne et européenne

Alors que l’Algérie entre en confrontation ouverte avec plusieurs de ses voisins sahéliens, et que les opérations européennes comme Barkhane ont été démantelées, le Maroc occupe un vide stratégique avec pragmatisme. Il propose de nouvelles routes, des partenariats logistiques, une coopération fondée sur la stabilité et le respect mutuel.

Ce redéploiement diplomatique se manifeste aussi par l’accueil des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger à Rabat en avril 2024, qui y ont vu une main tendue au moment où la communauté internationale les marginalise.

Des gains mutuels… et des incertitudes logistiques

Le port de Dakhla Atlantique, en construction avancée, incarnera le point de départ de ce corridor de développement. Il permettra à des pays comme le Niger ou le Mali d’accéder à un commerce maritime sûr, indépendamment des ports détenus par la CEDEAO.

Mais le projet pose des défis immenses : instabilité sécuritaire persistante, déficit d’infrastructures, capacité de résilience politique. Les régimes militaires sahéliens sauront-ils tenir le cap de la coopération à long terme ?

Une stratégie de reconversion continentale

Au-delà de l’aspect technique, le projet traduit une ambition marocaine de devenir une puissance pivot entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Le corridor routier s’inscrit dans une politique plus large : formation, sécurité, logistique, religion modérée, diplomatie triangulaire.

Le Royaume cherche à capitaliser sur les échecs des autres et sur les transformations régionales, en se présentant comme un « acteur de solution », à la fois africain et mondial.

Conclusion

Si le projet marocain de corridor Atlantique pour le Sahel réussit, il pourrait redessiner les lignes de force du continent africain. Mais il pose aussi une question cruciale : la diplomatie des infrastructures peut-elle résister aux tempêtes des intérêts contradictoires et des insécurités multiples ?

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