Un article d’opinion percutant du journaliste Rida Addam met le feu à la politique du gouvernement Akhannouch et dévoile la fragilité de l’État marocain.
Le journal Maroc Maintenant a recensé un article d’opinion publié par le journaliste Rida Addam le 4 août 2025, sous le titre provocateur :
« Le Maroc sous l’emprise de l’effondrement total : fin de l’ère Akhannouch et impasse de l’État »,
dans lequel il décrit le moment politique, économique et social actuel comme une phase de chute généralisée, affectant non seulement le gouvernement, mais également l’État en tant que système, récit et pouvoir de gestion.
Cet article, largement diffusé sur les réseaux sociaux, se distingue par son ton critique acerbe, mais reflète, selon certains, une inquiétude populaire profonde face à la situation interne, marquée par des indicateurs économiques en berne, une tension sociale sans précédent et un sentiment généralisé d’abandon.
Titres-choc… et questions légitimes
Dans une démarche inédite, l’auteur ne se limite pas à critiquer la performance du gouvernement, mais affirme que le Maroc subit une déconstruction méthodique de ses institutions, dans un silence officiel inquiétant, dominé par des élites qu’il qualifie de « déconnectées, sans honte ni sens patriotique ».
L’article considère que Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, n’est qu’une « façade vide de sens », et que sa chute ne représente pas seulement un échec politique, mais l’effondrement d’un système basé sur la manipulation de la conscience et le recyclage du désastre.
L’auteur décrit la réalité comme un « grand chantier de falsification de la conscience », où les chiffres sont enjolivés, la vérité assassinée et l’État vidé de son essence sociale et démocratique.
Entre indicateurs économiques et vérité de terrain
Dans un style direct, l’article expose plusieurs données préoccupantes :
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Une croissance inférieure à 3 %, avec une inflation dépassant 6 %, traduisant une érosion du pouvoir d’achat.
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L’échec des programmes d’emploi tels que « Forsa » et « Awrach », réduits à des contrats précaires sans avenir.
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Le plan « Maroc Vert » incapable d’assurer la sécurité alimentaire ou hydrique, malgré des milliards investis.
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Une éducation et une santé en crise, décrites respectivement comme un « abattoir quotidien » et une « fabrique d’ignorance ».
Selon l’auteur, ces données prouvent une chose : le Maroc fait face à une crise structurelle qui ne peut être résolue par de simples remaniements ministériels ou ajustements constitutionnels.
Silence royal : message ou mise en garde ?
Un passage marquant de l’article concerne le silence du roi vis-à-vis d’Akhannouch dans le dernier discours du Trône. L’auteur note l’absence totale de mention – même protocolaire – du chef du gouvernement, interprétée comme une « gifle politique silencieuse » annonçant possiblement la fin de son mandat… ou un changement d’époque.
Toutefois, Addam évite les interprétations hâtives, liant ce silence à l’impasse globale du système, et appelant à éviter la reproduction du même modèle sans rendre des comptes.
Médias officiels : tribune de butin ou espace de redevabilité ?
Le journaliste consacre une section à la crise des médias publics, qualifiés de « funérailles nationales vivantes », devenus des instruments de propagande au service d’un système incapable de convaincre, remplacés par des « youtubeurs » qui vendent des illusions et célèbrent l’échec, au détriment du journalisme professionnel, réprimé ou poussé à l’exil.
Selon le Reuters Institute (2024), 62 % du public marocain a perdu confiance dans les médias nationaux en cinq ans — un signe d’alarme évident.
Crise diplomatique et érosion du poids régional
L’analyse évoque aussi l’enlisement diplomatique : tensions avec les voisins maghrébins, stagnation des accords de normalisation, retrait des investissements israéliens…
Pour Addam, le Maroc est désormais un État conduit de l’extérieur, fragile, replié sur lui-même, sans impact régional réel.
Une justice ou un recyclage du désastre ?
L’article se termine sur cette question-clé :
« Qui rendra des comptes ? Va-t-on simplement accuser Akhannouch ou ouvrir le dossier du système dans son ensemble ? »
Un questionnement d’autant plus légitime que le peuple semble fatigué d’un discours de stabilité sans réforme, devenu une recette pour l’explosion sociale.
Conclusion de Maroc Maintenant
L’article de Rida Addam, malgré son ton tranchant, exprime une crise narrative majeure de l’État marocain : perte de vision, effritement de la confiance, et contradiction flagrante entre les discours triomphants et une réalité de plus en plus chaotique.
Le moment est venu, selon cette lecture, de repenser profondément le modèle politique et économique national — avant que ne se ferme la porte de la réforme et ne s’ouvre celle de la colère populaire.