Alors que l’Algérie traverse une période marquée par l’isolement régional et international croissant, la visite du Sultan d’Oman, Haïtham ben Tarek, prévue ce dimanche à Alger, revêt une portée bien plus stratégique que protocolaire. Officiellement, il s’agit de renforcer la coopération bilatérale. En réalité, le déplacement intervient dans un contexte diplomatique tendu, où la position omanaise constante en faveur de l’intégrité territoriale du Maroc plane comme une ombre sur l’agenda.
Ouverture algérienne ou recherche de bouée diplomatique ?
Invité par le président Abdelmadjid Tebboune, le Sultan d’Oman arrive dans une Algérie qui cherche à sortir de son isolement diplomatique en renouant avec les pays du Golfe, notamment par le biais de Mascate, connue pour sa neutralité stratégique. Mais cette tentative d’ouverture se heurte à une réalité régionale : le consensus du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sur la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Dès lors, une interrogation s’impose :
Jusqu’où l’Algérie peut-elle éviter frontalement la question du Sahara dans sa diplomatie avec le Golfe ?
Une question saharienne évitée, mais omniprésente
Bien que les autorités algériennes chercheront sans doute à esquiver le sujet, il est peu probable que la visite échappe totalement à la question du Sahara. Le Sultanat d’Oman, à l’instar des autres pays du Golfe, soutient clairement la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud et appuie le plan d’autonomie marocain comme seule base sérieuse pour résoudre le conflit.
Relations Algérie-Golfe : entre désaccords profonds et gestes de rapprochement
Les relations entre l’Algérie et les monarchies du Golfe ont toujours été marquées par des hauts et des bas, et des divergences notables sur plusieurs dossiers sensibles : Sahara occidental, conflit libyen, accords d’Abraham, ou encore normalisation avec Israël.
Abou Dhabi, par exemple, a ouvert une consulat à Laâyoune en 2020, provoquant la colère d’Alger. Cette dernière a aussi critiqué les accords entre certains pays du Golfe et Israël, et a rejeté la normalisation marocaine avec Tel-Aviv.
La position omanaise : une constance diplomatique rare
Le Sultanat d’Oman se distingue par une position constante et assumée. Depuis 1975, il a soutenu la Marche verte et, plus récemment, a réaffirmé que l’autonomie sous souveraineté marocaine représente une solution sérieuse et réaliste au différend.
Mascate a également salué le rôle du roi Mohammed VI dans le maintien de la paix et de la stabilité en Afrique, en soulignant la convergence de vues entre les deux pays sur les grands dossiers régionaux et internationaux.
Une visite sous haute surveillance diplomatique
Pour l’Algérie, cette visite pourrait être une tentative de repositionnement régional par le biais d’un acteur « neutre ». Mais la constance d’Oman sur la marocanité du Sahara limite les marges de manœuvre d’Alger.
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La visite marquera-t-elle un tournant vers un réalisme diplomatique algérien ?
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Ou ne s’agira-t-il que d’un geste symbolique masquant une impasse stratégique ?
Conclusion : visite protocolaire ou test de crédibilité diplomatique ?
Le voyage du Sultan d’Oman à Alger ne bouleversera probablement pas les équilibres régionaux, mais il en dit long sur l’isolement croissant de l’Algérie au sein du monde arabe. Le Sahara n’est plus une question négociable pour les pays du Golfe. Si l’Algérie persiste à ignorer ce consensus, elle risque de rester en marge d’un nouvel ordre régional qui se dessine sans elle.