Dans une attaque sans précédent, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a qualifié les droits de douane que Donald Trump menace d’imposer à l’Union européenne de « n’importe quoi » et « dépourvus de sens », brandissant la possibilité d’une « guerre commerciale » si nécessaire.
Ces déclarations, publiées sur la plateforme X (anciennement Twitter), ne sont pas un simple coup de communication, mais plutôt un signal clair de l’intensification des tensions entre Washington et ses alliés européens, notamment l’Espagne, qui craint les répercussions économiques d’une telle politique.
Hago una llamada a la Administración estadounidense a que recapacite y dialogue con la Comisión Europea.
Vuelvo a ser claro: si se nos imponen estos aranceles, responderemos con decisión.
Europa se defenderá.
Con rapidez, con proporcionalidad y con unidad. pic.twitter.com/V0R9MhXS71
— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) March 28, 2025
Mais la question clé demeure : Sánchez peut-il réellement défier Trump ? Ses déclarations sont-elles une véritable prise de position, ou simplement un spectacle politique destiné à séduire l’électorat espagnol ? Quel rôle joue le Maroc dans cette équation ?
Une escalade sans précédent : vers une confrontation totale ?
Sur X, Pedro Sánchez a appelé Washington à « reconsidérer sa position et à engager un dialogue constructif », avertissant que l’Union européenne est prête à se défendre si l’administration américaine persiste à imposer ces droits de douane.
« Nous ne voulons pas d’une guerre commerciale, mais nous sommes prêts à la mener », a-t-il affirmé.
Cette posture marque un changement radical dans la diplomatie espagnole envers la Maison Blanche. Mais Sánchez a-t-il les moyens d’affronter Trump, surtout en cas de réélection de ce dernier ?
Soutien de la gauche espagnole, opposition de l’extrême droite
En Espagne, les partis de gauche alliés à Sánchez ont immédiatement soutenu sa position, estimant qu’il s’agit d’une défense nécessaire de l’économie nationale face aux « menaces américaines ».
En revanche, les partis d’extrême droite, notamment Vox, se sont montrés méfiants, dénonçant une politique de confrontation inutile avec Washington.
Un affrontement verbal a d’ailleurs éclaté au Parlement espagnol, où Sánchez a accusé Vox de « trahison », reprochant au parti de ne pas condamner les décisions de Trump. De son côté, le leader de Vox, Santiago Abascal, a riposté en affirmant que Trump ne cible pas l’Espagne spécifiquement, mais l’UE dans son ensemble.
Vox, Trump et la crainte d’un axe Washington-Rabat plus fort
Le parti Vox entretient depuis longtemps d’excellentes relations avec l’entourage de Trump. Ses responsables ont participé à plusieurs rencontres internationales organisées par Elon Musk, visant à rassembler les mouvements conservateurs et populistes mondiaux.
Abascal a lui-même rencontré Trump, déclarant publiquement son admiration pour sa politique économique et protectionniste.
L’un des plus grands soucis de Vox ? Le renforcement des relations entre le Maroc et les États-Unis.
Depuis la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, Vox considère que toute détérioration des relations entre Madrid et Washington risque de profiter à Rabat, au détriment des intérêts espagnols en Méditerranée.
L’Espagne a-t-elle les moyens de faire pression sur les États-Unis ?
Dans ce contexte de tensions croissantes, une question s’impose : Madrid a-t-elle réellement les moyens de peser sur la politique commerciale américaine ?
Et surtout, l’Union européenne est-elle prête à se lancer dans une guerre commerciale avec Washington ?
Sánchez pourra-t-il compter sur le soutien européen pour riposter aux mesures de Trump ? Ou l’Espagne se retrouvera-t-elle isolée si les tensions continuent de s’aggraver ?
Conclusion : simple joute verbale ou véritable guerre commerciale ?
Les déclarations de Sánchez témoignent de la volonté européenne de tenir tête à Trump, mais révèlent aussi la vulnérabilité de l’Espagne dans un rapport de force inéquitable.
Finalement, le grand gagnant pourrait bien être le Maroc, qui observe discrètement la situation, prêt à renforcer son alliance avec Washington aux dépens de Madrid.
Une chose est certaine : si une guerre commerciale éclate, il n’y aura pas de vainqueurs, seulement des perdants.