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mercredi, août 6, 2025

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Lyautey sourit dans sa tombe… et nous francisons à nouveau nos enfants ! Quand nous avons repris la décision de Lyautey de nos propres mains

Analyse de l’article de Reda Addam sur la francisation de l’enseignement marocain

Depuis le départ du général français Lyautey du Maroc, le débat autour de son héritage dans l’administration, l’enseignement et la culture n’a jamais cessé. Mais que son nom refasse soudainement surface en 2025 dans le débat national, à travers un article d’opinion intitulé « Le jour où Lyautey a décidé de nous franciser » du journaliste et analyste géopolitique Reda Addam, cela ne peut être vu comme un simple écho historique, mais plutôt comme un véritable défi à la mémoire et à la souveraineté.

Addam ne se contente pas de soulever la question de la francisation de l’enseignement ; il y voit une reprise claire du projet de domination culturelle entamé par Lyautey, mais cette fois-ci avec des mains marocaines, depuis les institutions nationales.

S’agit-il d’une réforme éducative légitime, ou d’un glissement discret vers une dépendance accrue ? La langue est-elle un simple outil, ou bien la porte d’entrée à toute allégeance et toute identité ? Cette lecture analytique tente de déconstruire ces problématiques à travers trois axes inspirés de l’article de Reda Addam.

1. Le retour de Lyautey… sans soldats

Quand Lyautey, en pleine période du Protectorat, choisit de faire de la langue française son arme principale de contrôle, il savait que la langue soumet les élites et façonne les classes instruites bien plus que les fusils.

Reda Addam nous rappelle que le projet de francisation n’était pas seulement une politique éducative, mais un outil stratégique pour produire des administrateurs obéissants et des élites déconnectées de leurs racines. Après l’indépendance, il n’y a pas eu de rupture réelle avec ce projet — seuls les outils ont changé.

Aujourd’hui, avec le retour à l’enseignement des matières scientifiques en français, l’auteur met en garde contre une reproduction de l’hégémonie — cette fois-ci bénie par des institutions marocaines, sans intervention directe de Paris.

La francisation n’est plus une décision coloniale, mais un choix souverain… contre la souveraineté !

2. L’arabisation : un projet sans chance réelle

Addam ne rend pas la langue arabe responsable de l’échec de l’enseignement, mais bien l’État, pour ne pas avoir investi sérieusement dans le projet d’arabisation. Il pointe du doigt l’absence de volonté politique, la mauvaise planification et le manque de traduction scientifique.

Alors que l’on promeut aujourd’hui l’idée que l’arabisation a échoué, Addam pose une question dérangeante :
« L’arabisation a-t-elle échoué, ou a-t-elle été sabotée ? »

Comment un projet peut-il réussir quand l’élève marocain étudie en arabe jusqu’au baccalauréat, puis est brutalement plongé dans l’université en français, langue qu’il ne maîtrise pas ? Comment peut-on croire en l’arabe à l’école sans arabiser l’université, l’administration ou même les documents officiels ?

Le résultat ? Une génération confuse sur le plan linguistique, maîtrisant ni la langue de l’identité ni celle du marché, perdant confiance en son école — et en elle-même.

3. Une francisation « souveraine »… ou une capitulation culturelle ?

Reda Addam ne considère pas la francisation actuelle comme un projet réformateur, mais comme un retrait calculé du combat pour l’indépendance culturelle, et un abandon clair de l’arabe comme langue de savoir.

Il met en garde contre cette francisation non déclarée, non débattue publiquement, imposée par des lobbys francophiles puissants, qui considèrent la langue française comme un marqueur social et une clé du pouvoir.

Ainsi, l’école marocaine devient un outil de reproduction d’alliances étrangères, au lieu d’être un lieu d’enracinement de l’identité nationale.

Un choix souverain en apparence, mais une retraite réelle du projet de libération culturelle.

Conclusion : Quelle modernité voulons-nous ?

La langue n’est pas seulement un moyen d’enseignement, mais un environnement de savoir, un cadre de souveraineté et un miroir de la dignité civilisationnelle.

La décision de franciser l’enseignement ne peut être lue hors de ce contexte, surtout si elle est imposée sans débat national et sans vision stratégique garantissant la justice linguistique et cognitive.

Nous ne sommes pas contre le multilinguisme, bien au contraire — mais dans un cadre national qui place l’arabe au cœur du système, et fait de l’ouverture un choix maîtrisé, non une soumission déguisée.

Comme le demande Reda Addam, il est temps de poser la question plus fort encore :

« Voulons-nous une modernité nationale portée par notre langue et notre identité, ou une modernité élitiste francophone qui reproduit la colonisation… mais avec notre propre permission ? »

La réponse ne réside pas dans les circulaires ministérielles, mais dans la conscience collective, les politiques de l’État, et l’école que nous voulons pour nos enfants.

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