La photo « selfie » prise par Abdelssamad Keiyouh, ministre marocain du Transport et de la Logistique, aux côtés du président turc Recep Tayyip Erdoğan, lors du Forum mondial de la connectivité des transports à Istanbul, a enflammé les réseaux sociaux. Initialement publiée sur le compte du ministre avant d’être supprimée, cette image a suscité une vague de critiques qui dépasse le simple cadre protocolaire : elle soulève des interrogations profondes sur les frontières entre représentation officielle et communication personnelle.
Un geste banal dans un cadre officiel
Ce qui aurait pu passer pour une scène anodine ou chaleureuse a été perçu, par une grande partie de l’opinion publique, comme un faux pas diplomatique. Le ministre, en mission officielle, représentant le gouvernement marocain et signataire de mémorandums bilatéraux, n’était pas dans un cadre privé. Dès lors, son geste est lu non pas comme une initiative personnelle mais comme un acte symbolique engageant l’image du Royaume.
Un effacement révélateur
La suppression rapide de la photo de son compte officiel suggère une prise de conscience tardive du caractère déplacé de l’image dans un contexte aussi institutionnel. Ce va-et-vient de publication et retrait reflète une absence de ligne directrice claire concernant la communication des représentants officiels marocains à l’étranger.
Une affaire révélatrice d’un vide réglementaire
Le débat qui a suivi a mis en lumière un problème plus vaste : existe-t-il un cadre ou un code de conduite définissant les comportements attendus des ministres marocains lors d’événements internationaux ? Cette affaire révèle la nécessité urgente de clarifier les pratiques en matière de communication et de représentation symbolique du Maroc à l’international.
Entre ouverture humaine et rigidité protocolaire
Les avis restent partagés. Certains y voient une tentative de rapprochement humain, un moment d’ouverture. D’autres rappellent que la diplomatie marocaine s’est toujours voulue sobre, mesurée et attachée aux formes. Dans un monde où chaque image peut devenir virale, la maîtrise du symbole est aussi stratégique que les accords signés.
L’image comme enjeu diplomatique
Le Maroc, fort de son positionnement régional et de sa politique étrangère structurée, ne peut se permettre que des gestes personnels viennent brouiller la clarté de ses intentions diplomatiques. La photo de Keiyouh, bien qu’éphémère, pose une question durable : comment concilier spontanéité individuelle et exigence de représentation d’un État ?